AVEC LE CARÊME, JE CHOISIS DE VIVRE : DEUT. 30 :19


Avec le Carême, je choisi de vivre : Deut. 30 :19

Introduction :

J’ai intitulé ce message : « Et je choisis de vivre » le titre d’un film de 2019 qui raconte l’histoire d’un couple qui perd un enfant et choisi de partir en randonnée dans la Drôme à la rencontre de personnes qui ont connus ce type de drame plutôt que de rester chez eux à déprimer. Un film qui parle du deuil avec justesse pour entrevoir la vie.

Dans ce cinquième dimanche du Carême 2021, nous avons l’impression que c’est un carême mondial qui a commencé il y a un an. Cette période particulière, est aussi l’occasion de faire le point sur le sens de nos vies et du monde. Un temps qui nous est donné pour rencontrer Dieu, l’écouter et faire route avec Lui. Durant cette marche, nous sommes chaque jour amenés à faire des choix.

Nous nous souvenons, de ces paroles de Moïse en Deut30 :19, qui rappelle à Israël après son exode de 40 ans au désert, l’importance de faire des choix. Le choix entre la vie et la mort, entre la bénédiction et la malédiction. Ainsi, depuis le choix de l’homme au jardin d’Eden, en passant par la vallée du Jourdain, à celui du Christ au jardin de Gethsémané, ce chemin vers Pâques nous invite à faire le choix de la vie. 

Le choix du jardin d’EDEN Gen.2 :8-10

Cette réflexion du choix, se pose à nous dès la Genèse 2 :8. à travers le récit des 2 arbres au milieu du jardin d’Eden. Dieu avait placer au milieu de ce jardin des arbres pour que Adam et Eve choisissent la façon dont ils voulaient vivre. L’un symbolise l’harmonie et la vie éternelle, tandis que le second, représente la connaissance du bien et du mal. 

Dans les religions anciennes, l’image d’un arbre au milieu d’un jardin est courante. Il est symbole de mystère. Pour les biblistes, s’il représente l’éveil de la conscience de l’humanité et le pouvoir de cette connaissance. IL est surtout là, pour rappeler à l’homme sa limite et sa dépendance au créateur. Certaines traductions comme la TOB insiste d’ailleurs sur la fonction de « bonheur/malheur de cet arbre, plus que de la connaissance.

Pour les théologiens (D. Bonhoeffer, P. Ricoeur.) nous ne sommes pas en présence d’une connaissance morale, mais d’une autonomie de la conscience capable de faire un choix éclairé et responsable. Pour l’auteur de la Genèse, il y une séparation entre le bien et le mal. Elle a pour objectif d’amener l’homme à faire un choix.  Chacun de ses choix nous rapproche de Dieu ou nous en éloigne. 

Aussi, la seule raison de l’interdiction du fruit défendu est moins le pouvoir que confère l’arbre (« être comme des dieux » (Gen.3 :22) que la conséquence de ce choix : : devenir malheureux en se séparant de Dieu. 

Car cette : « autonomie fugueuse et blessée » comme la nomme certains biblistes, conduis à la désobéissance. Ainsi, dans son commentaire sur la Genèse, le réformateur Calvin affirme, que ce n’était pas l’intention de Dieu que l’homme ne soit pas capable de connaître, de discerner, de savoir, toute l’Ecriture fait de l’être humain un vivant qui réfléchit, pense et recherche.  Ce qui est visé ici, c’est la capacité de l’être humain à faire des choix qui n’éloignent pas du créateur. Voilà pourquoi, le serpent à susurrer à Eve :« désobéit, tu n’as pas vraiment besoin de Dieu. » 

Le choix du Jourdain     Deut. 30 :15-16

Les arbres du jardin d’Eden, invitaient à faire un choix de vie, les arbres de la vallée du Jourdain, (Deut.30) engagent le peuple d’Israël après 40 ans en exode à trouver le pays de la délivrance. 

 Ainsi, juste avant de traverser le Jourdain avec Josué, Moise, prononce ces paroles qui engagent à faire le choix d’avancer malgré les épreuves, les obstacles et les difficultés. (Nous avons des Jourdain à traverser dans nos vies)

Cette traversée du Jourdain, nous rappelle, le cantique de la délivrance de Ex.15 qui relate la traversée de la mer Rouge. Après 430 ans en captivité, Le peuple quitte le pays de l’oppression, de l’esclavage. Les anciens Egyptiens appelaient leur pays (Kemet) (pays noir) à cause de la couleur de la terre du Nil. En traversant les eaux de la mer rouge, Israël, devient « fils de la liberté. »  Nous aussi, avons-nous fait le choix de quitter les choses qui nous rendent esclaves, assombrissent nos vies, pour devenir fils et filles de la liberté ? 

En (Deut 30 :15) les paroles que Dieu donne à Moise, posent une alternative entre un chemin de vie et un chemin de mort. Ce choix implique, d’aimer, d’écouter et d’obéir au Seigneur. Ou pas ? Dans le cas contraire, c’est la malédiction. Chez les prophètes, l’endurcissement, la révolte, la désobéissance et l’aveuglement d’Israël, va attirer sur lui, violence et ruine.

 Cependant, la malédiction, n’est jamais totale, par amour, le Seigneur change parfois d’avis, lorsque le peuple se repent (Esaie 6 :13, 2 chr.7 :14 ) Ainsi, Paul dira en Rom 8 « Il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont en J.C. »

Il nous faut donc comprendre le Carême, comme un chemin d’exode et de désert qui nous fait passer de l’esclavage à la liberté. Un temps pour se reprendre, se ressourcer et se rapprocher de Dieu.   

Le choix de Gethsémané   Matthieu 26 :38-39

Enfin, c’est dans un autre jardin avec des arbres, près d’un autre torrent : le Céron (Jean18 :1) que Jésus fait le choix assumé, dans la douleur et les larmes de faire la volonté de son Père.

 Au jardin d’Eden, l’homme a fait le choix de désobéir au créateur. Ce sera la séparation et la mort de la relation.  Au jardin de Gethsémané, jésus fait le choix d’obéir pour que l’humanité retrouve la liberté et la vie. C’est dans ce lieu qu’Il déclare en Matth.26 : 42 :« Pas ma volonté mais la tienne ». Il nous indique, qu’il n’y a pas de choix sans renoncement. Un renoncement qui engage la réflexion, la volonté et la foi. Le S.E. nous y aide. 

Dans cet endroit, appelé aussi, lieu du pressoir il y avait une presse faite de deux grosses meules de pierres typique de la région. Celle qui était horizontale était constitué de sillons qui permettaient de faire écouler l’huile une fois pressée. Au moment où le fils de Dieu entrait dans ce jardin, la main du Père mettait en route le pressoir. Qu’est ce qui a été pressé ce jour-là ? la volonté du fils afin d’exercer la volonté du Père. 

Vous et moi, nous n’aurons jamais un Gethsémané pareil. Nous aurons les nôtres dans la vie. Il arrive parfois que le Seigneur permette certaines situations et mette le pressoir en route sur nos vies pour nous apprendre à dire : « Pas ma volonté, mais la tienne ».  Ce pressoir, est alors comme un travail du Père sur nôtre cœur afin que de nos vies coule une huile de bénédiction. 

Conclusion :

Dans le fond, que nous disent les arbres du jardin d’Eden, ceux du Jourdain et les oliviers de Gethsémané sur ce chemin de carême 2021 ? 

Genèse nous appelle à faire des choix éclairer, le Deutéronome à des choix qui rendent libre et Matthieu des choix qui nécessite de renoncer. L’objectif de ces choix est de nous garder dans la volonté du Seigneur.

Saint Augustin écrivait : « Donne-moi un homme fatigué, en marche dans le désert mais qui a soif et soupire après de la source alors, il sera selon le cœur de Dieu. »  (Homélies Evangile de Jean, Tr. XXVI.4)

En faisant ce choix de la vie, le Seigneur nous sort de nos déserts et ouvre des horizons nouveaux. 

En ce temps de souffrance sanitaire, morale et économique ou les relations sociales et humaines sont abimées, le Seigneur veut se laisse trouver par chacun. Il nous engage à faire des choix qui reflètent nos espoirs et non nos peurs. Voilà un défi pour notre espérance et notre foi dans ce siècle. 

Amen 

Pasteur Jean-Luc Leibe