OÚ DONC EST PASSÉ LE CHRIST ?


Matthieu 28 : 16-20 

Introduction :

Les Eglises chrétiennes ont fêté cette semaine, l’Ascension. Une fête qui se résume pour beaucoup à un long week-end. Mais, pour les chrétiens, l’Ascension célèbre d’abord la montée de J.C. au ciel vers son Père. En Jean 16 :28, dans ce qui semble être un discours d’adieux, J.C. déclare aux disciples : « Je suis venu du Père et je suis venu dans le monde. Maintenant, je quitte le monde et je retourne vers le Père. ». Après une série d’apparitions et de disparitions, la nouvelle, les laisse perplexe avec des doutes et des questions. 

Tout comme eux, nous sommes parfois aussi perplexes et nous nous interrogeons sur ce qui se passe dans nos vies et dans le monde. Alors souvent la question surgit : « Mais où donc est passé le Christ ? »  En réponse, Jésus fait la promesse de sa présence. Une présence, qui se construit dorénavant dans la relation avec le S.E.  En Jean 16 :7, JC. Précise : « Qu’il est avantageux pour eux qu’il parte pour que le S.E. vienne ».  Il sera encore avec eux, avec nous, mais autrement. Ainsi, J.C. peut affirmer en Matt.28:20 « Je suis tous les jours avec vous jusqu’à la fin du monde ». A l’Ascension, la promesse de sa présence devient le souffle qui enracine notre foi.  Mais alors, comment cette autre présence peut-elle devenir à la fois une conviction, une force et une espérance pour le chrétien et le monde ? 

Une absence qui forge la conviction de sa présence

Le symbole dit de Nicée-Constantinople (325-381) dans lequel les traditions chrétiennes se retrouvent, affirment : « Que J.C. est monté au ciel, il est assis à la droite du Père et reviendra dans sa gloire ». En reprenant cette affirmation dans les fondements de la foi, les rédacteurs, ont voulu souligner que cela était indispensable pour réaliser le plan de Dieu

Dans son discours de la Pentecôte à Jérusalem, Pierre en Actes 2 :35 confirme la parole du PS.110 :1, : « le Roi-Prêtre, le serviteur siègera à la droite de Dieu. » S’Il y a eu une descente sur terre, il y aura aussi une remontée vers le ciel. C’est l’étape nécessaire et incontournable pour montrer la nature Divine de Christ et son triomphe. (Actes 2 : 33 : « Il a été élevé pour siéger à la droite de Dieu. »  

En regardant la plupart des témoignages du NT (Jean 6 :62, J.14 :2, nous voyons que Jésus avait déjà préparé les disciples à son départ. L’auteur de l’Epître aux Hébreux (4 :14) confirme cette Ascension comme étant :« la traversée des cieux ».  Mais, en traversant les cieux pour être exalté à la droite de Dieu, Il élève en même temps, avec lui celles et ceux qui lui appartiennent.  L’apôtre Paul en Eph.2 :6 Ecrit : en raison de notre union avec le Christ, Dieu nous fait siéger avec lui dans les cieux.  Ainsi, ce Grand prêtre qui traverse les cieux, ne nous abandonne pas. Il est touché par nos souffrances et nos faiblesses. (Hébreux 4 :15) 

En quelque sorte, en reprenant sa place à la droite du Père, le Fils fait déjà entrer l’humanité au ciel et du coup donne l’assurance qu’un jour nous serons avec lui. Cette absence forge alors, en nous la conviction de sa présence. 

Une absence qui donne de la force

Paradoxalement, cette situation des apparitions, disparition et enlèvement vers les cieux, loin de déprimé les disciples, leur donne de la force. Même si certains d’entre eux aurons des doutes. On s’est d’ailleurs posé la question, : « Qui sont ces douteurs » du V :17 ?  Est-ce les mêmes qui adorent le Seigneur juste avant ? le mot doute (Distazô :  incertitude) Ce doute légitime qui développe l’incertitude des disciples, vient aussi nous ébranler les convictions de nos incertitudes nous mettent, face à nos peurs, nos angoisses et nos émotions contradictoires. Ces adorateurs du V :17 nous disent, que nous pouvons adorer Dieu avec ce que nous sommes de contradictions, d’incertitudes et de déchirement intérieur. Mais c’est justement là, prosternez devant le Seigneur, que nous entrons en adoration. Voilà pourquoi, la louange, n’est pas l’adoration.  

En réponse à cette hésitation, au V :18, J.C. s’approche d’eux, leur parle et les rassurent et les fortifies. Les quarante jours entre la période du désert et Pâques avaient préparés les disciples à la résurrection. Mais les quarante jours entre la résurrection et l’Ascension les ont préparés à vivre dans l’attente de la promesse de la Pentecôte. 

De même, que l’Ascension avait préparé les disciples, de même, au milieu de nos peurs, et de nos routes imprévisibles et chaotiques elle fortifie notre foi. On se souvient des témoins d’Hébreux 11, qui sans avoir vu ont obtenu. Alors, entre ferme assurance et folle certitude, la foi est ce pont qui nous élève dans sa présence. L’Ascension, nous invite donc à saisir que le Royaume de Dieu doit progresser dans notre vie.  

Une absence qui donne de l’Espérance

Dans le fond on peut dire que l’Ascension est pour les disciples et nous-mêmes, une leçon d’espérance pour affermir notre foi

. Là où tous les repaires des disciples comme les nôtres semble s’effondrer, pour eux hier, comme pour nous aujourd’hui dans une société qui méprise la foi. Le Seigneur nous interroge sur le sens de nos attentes et sur ce qu’est vraiment notre espérance.  

Alors que les disciples regardent vers le ciel, eux qui ne savent plus trop à quoi s’attendre, peut-être une possible réapparition ou pas, sont désorientés. La Parole de Dieu les remet alors sur un autre chemin : “Hommes Galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu allant au ciel. (Actes 1 :11) 

Le texte oriente et précise leur espérance. Ainsi, puisque le Christ est parti, élevé du milieu d’eux vers le ciel, il reviendra du ciel au milieu d’eux et au milieu de nous. Cette promesse :« il reviendra » donne alors, pour l’Eglise, un sens à cette attente au cœur des situations de ce monde et du temps.  Le théologien O. Cullman décrit cette attente comme une tension : « du déjà et du pas encore ». Il emploi l’image de la bataille qui terminée, mais l’armistice pas encore signée. Dans ce temps intermédiaire, notre espérance s’enracine et se développe.    

Conclusion : 

A la question, mais ou est passé le Christ, l’Ascension répond, Il est au ciel, et il est là au milieu de nous sur terre. Il nous invite alors à construire son Royaume pour que partout grandisse et demeure la foi, l’espérance et l’amour, sur la terre comme au ciel. 

Alors que les apôtres réunis à Jérusalem attendent l’Esprit Saint (Actes1 :6) Ils demandent à Jésus : « Seigneur, quand est-ce que tu rétabliras le royaume d’Israël ? ».  Ils demandent en fait : quand est-ce que Dieu enlèvera le mal, la souffrance qu’il y a sur la terre ? Quand est-ce qu’il mettra fin aux guerres, au cancer, aux pandémies à la famine et à la destruction de la planète ?  

En réponse, Jésus, réoriente leur attente : “Ce n’est pas à vous de connaître les temps que le Père a fixés pour établir son Royaume. Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre.” (7-8) 

À l’Ascension, le corps du Christ est enlevé au ciel.  Mais alors, qui annoncera la Parole de Dieu au monde ? Qui guérira ceux qui sont dans la nuit de leur aveuglement ? Qui libérera ceux qui sont paralysés par leurs craintes ou leurs doutes ? Qui assistera les pauvres, visitera les malades et les prisonniers ? Qui nourrira l’humanité affamée ? ou prendra soin de l’environnement ?  Le Christ répond : « vous » car, vous recevrez une puissance celle de l’Esprit saint et vous serez mes témoins partout. 

Jean-Luc Leibe – Mai 2021