Témoignage Maraude ABEJ


Témoignage d’Adriana

J’ai commencé les maraudes de nuit avec le Samu Social en tant que bénévole. Dans ce cadre, on intervient à la demande du 115, notamment pour des couvertures, boissons chaudes, et aides alimentaires.

Le Samu social insiste sur l’importance du lien social dans cette demande d’aller à la rencontre des personnes SDF. Il faut privilégier la discussion. Ces maraudes de nuit se déroulent de 21h30 à 4h30 du matin.

Quand je participais, je voyais de plus en plus de femmes. Parmi elles beaucoup fuyaient leur domicile conjugal, parfois elles étaient juste de passage dans l’agglomération.

Parmi les personnes SDF que j’ai rencontré je remarquais qu’il y avait des gens qui veulent simplement être « hors du monde  » certains en dépression ou souffrant de maladies psychologiques. Il y a aussi des jeunes en rébellion souvent en rupture familiale qui cherchent à s’en sortir.

Ces personnes ont besoin de garder un lien avec la société et avec des personnes qui ont un rythme normal.

  • ESPOIR ET DÉCEPTION
  • Je me rappelle d’un appel du 115 qui nous a signalé une femme avec son bébé, on est parti à sa recherche pour lui offrir une soupe chaude, du lait et la possibilité d’une nuit au chaud. Soulagée, elle accepte et on trouve 2 places d’hébergement, «Merci mon Dieu  » !
  • Ensuite on est parti retrouver Mr S, ça faisait plusieurs fois qu’on le voyait mais il n’acceptait jamais rien, même pas un bout de pain, cette fois-ci encore il a tout refusé, je remarque ses pieds nus, je prie à l’intérieur de moi-même pour que Dieu lui vient en aide, je dépose une couverture à ses côtés, il me prend la main il me regarde sans rien dire. Nous repartons en silence, le cœur gros, 2 jours après j’appris qu’on avait retrouvé son corps. J’étais choquée, désolée, outrée .

Ma motivation pour faire les maraudes s’est d’être utile et d’apporter quelque chose d’important à ces personnes. Je trouve cela formidable car la force qui m’anime et me motive vient du Tout Puissant, et parfois on croise des personnes qui nous offrent un beau sourire et ils nous disent soyez bénis. Et à ce moment-là on voit que le Seigneur est là avec nous.

Quand j’ai appris que dans mon église, nous allions faire des maraudes le dimanche midi, je n’ai pas hésité un seul moment à m’investir : d’abord en priant (car j’étais malade et je ne pouvais pas bouger) et par la suite, en rejoignant la distribution. Partager cette chaleur humaine et cet amour dont nous sommes souvent en manque et en quête perpétuelle dans ce bas monde est essentiel. Marauder c’est apporter l’amour que Dieu donne à travers nous. C’est partager son temps entre Dieu et les autres.

Ces moments sont difficiles pour nos bien-aimés qui vivent dans la rue, mais il se passent beaucoup de choses entre eux et nous, et je reçois plus que je donne.

Un dimanche une femme que nous avions l’habitude de voir depuis plusieurs mois, voire années est venue à notre rencontre. Elle était à vélo et tellement joyeuse en remerciant Jésus. Elle nous a expliqué qu’elle avait maintenant un appartement, qu’elle était en sécurité et que même si cela était encore difficile pour terminer les fins de mois, Jésus l’avait aidé et l’aide encore.

Finalement, on donne et on trouve un autre sens à sa vie, et bien souvent on devient soit même bénéficiaire.  Dans l’équipe, nous entretenons une chouette fraternité.

On part avec cette intention d’aider les autres et finalement on reçoit ce qu’on espérait ne plus recevoir. On ressent au plus profond de son cœur un apaisement et le sentiment du devoir accompli.

GLOIRE À TOI MON PÈRE

AMEN