ACCUEILLIR LES DONS SPIRITUELS


Paul  répond aux diverses questions qui lui ont été adressées par les Corinthiens. Dans les chapitres 12 à 14, il aborde maintenant la question des dons spirituels. Les Corinthiens avaient été « comblés de toutes les richesses, en particulier en ce qui concerne la parole et la connaissance » (1 Co 1.5) au point où l’apôtre Paul peut dire qu’il le leur manque aucun don (1 Co 1.7). Cependant, cette église qui ne manquait d’aucun don, n’était pas en bonne santé spirituelle. Elle était fracturée par différentes dissensions, fragilisée par divers scandales, et la plupart des membres ne semblaient pas avoir la maturité spirituelle et la sagesse nécessaire pour les aider à comprendre dans quel but Dieu leur avait accordé la richesse des dons spirituels qui abondaient parmi eux. C’est pour les aider à comprendre dans quel but les dons spirituels sont accordés aux chrétiens et comment les mettre en œuvre au sein de l’église que l’apôtre Paul écrit ces chapitres. 

Prolégomènes : Nul ne peut dire « Jésus est Seigneur » sinon par l’Esprit saint

L’apôtre Paul veut en premier lieu que les Corinthiens sachent qu’ils ne se sont pas approchés d’un dieu mort comme leurs anciennes idoles. En se tournant vers le Christ, ils se sont approchés du Dieu vivant qui parle pour faire connaître à ses enfants sa volonté et son projet. Dieu a donc aussi parlé au sujet des « pneumatikôn », des phénomènes spirituels (TOB), des pratiques spirituelles (NBS) des expériences spirituelles (NFC) qui sont en fait des dons ou de l’Esprit de Dieu à l’œuvre dans l’Eglise de Dieu. 

Paul veut tout d’abord que les Corinthiens sachent que la première œuvre que l’Esprit-Saint produit dans le cœur des chrétiens c’est de reconnaître avec certitude que Jésus-Christ est Seigneur ! En effet, celui qui parle sous l’inspiration de l’Esprit (prédication, prophétie, etc.) ne peut pas s’ériger contre la personne et l’œuvre de Jésus au point de déclarer : « maudit soit Jésus ». Car l’Esprit-saint, témoin véridique, ne fait rien qui ne nous oriente principalement vers Jésus-Christ. Aussi, l’apôtre Paul peut dire avec certitude que celui qui parle sous l’inspiration de l’Esprit-Saint reconnaît et professe que « Jésus est Seigneur ! »

Nous avons l’exemple de la belle profession de foi de l’apôtre Pierre et le commentaire de Jésus qui montre que le discernement par lequel Pierre reconnait qu’il est Messie et Seigneur est don du Père qui s’est révélé à lui par l’Esprit saint. 

Jésus est Seigneur ! C’est lui le chef de l’Eglise. Les dons spirituels ne doivent donc pas être pensés, accueillis, mis en œuvre dans une logique de pouvoir et de domination sur les autres. Dans l’Eglise de Jésus-Christ, un seul est Seigneur,  un seul est la tête, le chef, c’est Jésus. Nous sommes les membres du corps du Christ que nous formons ensemble, avec tous les chrétiens du monde. Chaque fois que l’apôtre Paul parle des dons pour le service, il évoque en même temps l’image du corps du Christ et c’est bien dans la perspective de l’édification de celui-ci que Paul situe la réflexion sur les dons spirituels.

L’image du corps est richement développée par l’apôtre Paul et permet de souligner l’unité du corps, mais aussi la pluralité, la diversité, la complémentarité et l’interdépendance des dons spirituels que Dieu accorde librement et souverainement en vue de l’édification de l’Eglise.

  • Unité de la source des dons et unité du Corps église

Avec insistance, l’apôtre Paul rappelle aux Corinthiens que les dons spirituels proviennent d’une même et unique source divine. Les charismes que les chrétiens reçoivent proviennent du même Esprit, du même Seigneur, du même Dieu. Cette belle formulation tri-unitaire nous montre que les dons spirituels, qui proviennent d’une unique source sont donnés aux chrétiens pour être au service de l’unité du corps que nous formons en Christ.

De même qu’il y a un même et unique Esprit saint (expression qui revient à de nombreuses reprises aux versets 4-11) de même il y a un seul corps du Christ, qui est son Eglise. Les Corinthiens, nous le savons, avaient perdu un temps cette vérité de l’unité du corps du Christ. Au début de l’épître, l’apôtre Paul s’inquiète d’apprendre les dissensions qui séparent les chrétiens au risque de faire éclater la belle unité du corps. 

L’unité de la communauté était menacée parce que les Corinthiens s’étaient appropriés, sans leur gré, les différents serviteurs que le Seigneur avait donnés pour l’édification du corps. Chacun avait son champion : je suis de Paul, moi de Pierre, moi d’Appolos, moi du Christ ! Paul rappelle que ni lui, ni les autres ne sont des maîtres à penser que les chrétiens doivent suivre, mais tous sont des serviteurs au service d’un seul corps en vue de sa croissance que seul le Seigneur peut efficacement réaliser.

  • Pluralité et diversité des dons

L’unité toutefois, nous aimons à le rappeler, et il le faut, n’est pas l’uniformité. L’Eglise du Seigneur n’est pas un régiment militaire où tous endossent le même uniforme. Sous l’unique « cheffeté », seigneurie du Christ se rassemble une pluralité de membres et de dons. Or qu’est-ce donc qu’un corps ? N’est-ce pas un organisme composé d’une pluralité de membres et d’organes aussi divers les uns des autres ? 

Au verset 13, l’apôtre Paul rappelle aux Corinthiens que quelle que soit leur origine (Juif ou Grec), quel que soit leur statut social (Esclaves ou personne libre), nous pouvons prolonger sans difficulté la liste des différences qui nous distinguent, nous avons tous été baptisés, plongés, dans un seul Esprit pour former un seul corps ! 

De même qu’il y a pluralité des membres et des organes qui forment un corps, de même, il y a pluralité des dons spirituels. L’Esprit donne :

  • Un message de sagesse ;
  • Un message de connaissance ;
  • Le don de la foi ;
  • Le don de guérison
  • Le don de faire des miracles
  • Le don de la prophétie ;
  • Le don de discerner les esprits ;
  • Le don de parler en langues 
  • Le don d’interpréter les langues


Et la liste n’est pas exhaustive. Nous trouvons en effet d’autres listes, par exemple en Romains 12. 6ss et en Ephésiens 4

6 Mais nous avons des dons différents de la grâce, selon la grâce qui nous a été accordée : si c’est de parler en prophètes, que ce soit dans la logique de la foi ; 

7 si c’est de servir, qu’on se consacre au service ; que celui qui enseigne se consacre à l’enseignement ; 

8 celui qui encourage, à l’encouragement ; que celui qui donne le fasse avec générosité ; celui qui dirige, avec empressement ; celui qui exerce la compassion, avec joie.

7 Mais à chacun de nous la grâce a été accordée selon la mesure du don du Christ.

11 C’est lui qui a donné les uns comme apôtres, d’autres comme prophètes, d’autres comme évangéliste, d’autres comme pasteurs et enseignants, 

12 afin de former les saints pour l’œuvre du ministère, pour la construction du corps du Christ, 

13 jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’homme adulte, à la mesure de la stature parfaite du Christ. 


Il est important de remarquer que :

  • L’apôtre affirme que chacun a reçu au moins un don et que les listes ici rappelées ne sont pas exhaustives ; 
  • Qu’il y a une diversité des dons qu’on a cherché à classifier : les dons d’enseignement (dominance de la parole) et les dons de service sur la base de 1 Pierre 4 : « que celui qui parle… que celui qui sert… »
  • Diversité aussi de ministères, c’est-à-dire des services. Certains sont visibles et institués officiellement dans l’Eglise (cf. Eph.4) d’autres sont moins visibles, mais la diversité des dons sont accordés en vue d’accomplir une diversité de services, mais dans un seul but : l’édification du corps du Christ.

De la pluralité et de la diversité des dons, l’apôtre Paul en tire plusieurs conséquences, je citerai 2 principales :

  • Complémentarité et interdépendance


Complémentarité :

  • Dans un corps tous les organes sont utiles, mais aucun organe ne peut tout faire seul ; cette vision implique la reconnaissance de la nécessaire complémentarité des membres et des dons spirituels.
  • Ceux qui n’ont pas cette vision de la complémentarité courent le risque de se croire suffisant, au point de se passer de toute collaboration avec les autres. Cette dérive peut nous guetter individuellement et collectivement. Nous n’avons pas tous les dons ! Nous avons besoin d’accueillir les dons des autres y compris des autres églises.
  • Quand on a cette vision de la complémentarité de nos dons au sein de l’église, on développe un esprit de partenariat ou d’équipe, en apprenant comme Barnabas, à encourager chacun à mettre en œuvre le talent qu’il a reçu de Dieu. En outre, en gardant à l’esprit la complémentarité des dons et des services, nous pouvons apprendre à nous réjouir de chaque service qui participe à la bonne vitalité de l’ensemble du corps : du ménage à la chaire, en passant par la prière dans le secret où Dieu seul nous voit, nous sommes tous partenaires, travaillons tous en vue de la vitalité de l’Eglise.
  • La vision de la complémentarité nous amène aussi à honorer tous les membres, en particulier ceux qu’on serait tenté de voir comme les plus insignifiants (Cf verset 2) Dans notre propre corps, Dieu a fait en sorte que ce sont les plus petits membres et les organes les moins « glamour » qui sont l’objet de précieux soins ! Apprenons à honorer nos frères et sœurs qui nous accueillent dimanche après dimanche, qui s’occupe de la sono et de la vidéo projection, de l’entretien des espaces verts, du bâtiment, de la désinfection des chaises, de ceux qui s’occupent de nos enfants, de la garderie au groupe de collégiens en passant par Bi-Act… en général on ne découvre leur importance que lorsqu’on ne parvient plus à assurer ces services qui nous semble aller de soi !


Interdépendance

En plus de la complémentarité, il y a dans ce qui unie les membres et les organes d’un corps, une nécessaire interdépendance. Dans un corps, tous les organes sont importants. Nous avons besoin les uns des autres. Ceci implique plusieurs choses :

  • Je ne peux pas tout simplement dire que, parce que je ne suis pas la main, alors je ne fais pas partie du corps. Quelle que soit ta place dans le corps, tu fais partie du corps et tu as quelque chose d’important à apporter à ce corps ;
  • La vision de l’interdépendance nous amène à une plus grande communion les uns avec les autres. La notion de communion implique l’idée de partage, de prendre part à ce que chacun vit… Un membre souffre-t-il ? C’est tout le corps qui souffre avec lui. Avez-vous déjà eu une rage de dents ou une épine dans la plante du pied ? Quelqu’un est-il dans la joie, là aussi c’est tous qui se réjouissent pour lui et avec lui…


Conclusion

La mise en œuvre des dons de l’Esprit-Saint que Dieu, dans sa grâce dispense souverainement à chacun de nous, s’inscrit résolument dans le cadre de l’Eglise, corps du Christ. Les dons ne nous appartienne pas, nous n’en sommes donc pas propriétaires. Ils nous sont donnés pour être mis en œuvre dans le but d’édifier, de former, de conduire les disciples de Jésus vers la maturité spirituelle.  Aussi l’apôtre Paul écrit aux Ephésiens, que le Christ ressuscité et glorifié dispense par son Esprit les dons et ministères  « 12afin de former les saints pour l’œuvre du ministère, pour la construction du corps du Christ,  13 jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’homme adulte, à la mesure de la stature parfaite du Christ. » (Eph 4.12-13)

Et il y a un chemin d’excellence pour mettre en œuvre nos dons et nos ministères de manière à construire et à encourager la croissance de tout le corps. C’est ce chemin d’excellence que Paul a choisi de mettre au centre de son argumentation, au chapitre 13, c’est l’amour (agapè) sans lequel nous sommes vides et inconsistants. 

Oh Seigneur, donne-nous ton Esprit, ton Esprit d’amour ! Amen !

 Pasteur Paul Efona