UNE NOUVELLE SAISON


Marc 10.46-52

Introduction:

Le calendrier Inter-religieux de la métropole Grenobloise 2021 signale dans les fêtes religieuses, du mois de janvier , la fête juive des arbres fruitiers (TOU-BICHVAT). Cette fête est un rappel à préserver la terre. Ce jour là, une nouvelle saison commence (on mange des fruits à table en chantant et récitant la prière de reconnaissance pour la vie que Dieu nous donne.

Pour nous aussi, c’est une année nouvelle, une année si particulière qui démarre comme une nouvelle saison de la vie. De même que la nature est traversée par différentes saisons, printemps, été, automne hiver, la vie humaine, est aussi traversée par des saisons.: Naissance, enfance, adolescence, adulte, viellesse et mort.

Dans l’Ecriture, les jours et les saisons, sont désignés par deux mots grec: Chronos, le temps de 24h du calendrier,  le temps dans l’histoire de l‘humanité et Chairos, le temps immatériel et intemporel de Dieu à travers tous les temps. Le chairos, représente les saisons spirituelles dans la vie d’un individu ou d’une communauté. Quelle est la saison de chacun, ou de l’église Baptiste de Grenoble-Echirolles ?

l’Evangile de Marc, relate l’histoire d’un miracle qui va être pour une personne, comme une nouvelle saison avec Dieu. Il s’agit de la guérison de l’aveugle de Jéricho, (Marc 10). Ce récit, nous indique que même au milieu de la nuit  nous pouvons vivre de nouvelles saisons dans nos vies. ( même masqué)

Le récit de guérison de l’aveugle de Jéricho, (Marc 10), nous donne à comprendre la façon dont Dieu voit chacun de nous.  A ses yeux, chaque être humain a de la valeur, quelque soit sa couleur de peau, son rang social, son handicap ou sa condition de vie.  Chacun a une place dans le cœur de Dieu et dans son Royaume. A ses yeux, il n’est  jamais trop tard pour vivre l’inatttendu de Dieu.

Tout au long de l’histoire biblique, les héros de la foi ont expérimenté ce principe : ni  l’âge, ni la situation, ni les limites et les épreuves  n’empêchent  Dieu d’intervenir. Le Seigneur prête l’oreille à nos prières, nos cris et nos questions. Il porte sur nous un regard d’amour.  Il nous appartient donc de comprendre son projet et d‘entendre sa voix.

  • Vivre sa saison

Dans le récit de Marc, Jésus entend les cris de Bartimée, comme il entend les notres lorsque nous ne voyons plus rien. (Cécité spirituelle) Le récit commence par relater l’arrivée du cortège formé de Jésus suivi de ses disciples (v32), ils entrent dans Jéricho, ville importante et fortifiée de la vallée du Jourdain. Une ville qui a connu les anathèmes de l’Eternel (Josué 5) et les tremblements de terre. Elle est devenue le passage obligé des caravanes de pèlerins pour se rendre à Jérusalem célébrer la Pâques. Une ville ou un certain Zachée recevra le salut et où J.C. va manifester sa qualité de Messie.

Pour l’heure, nous sommes à l’entrée de la nouvelle ville de Jéricho reconstruite par Hérode le Grand. « .  Un aveugle, du nom de Bartimée (bartimaios), en grec araméen: fils d’honneur est assis à la porte Ouest , réduit à la mendicité.

Sa vie est en contradiction avec le sens même de son nom. C’est un homme marginalisé, exclut socialement à cause de son handicape.  L’arrivée de Jésus va boulverser sa vie.

Peut être que Bartimée, c’est dit: «  C’est aujourd’hui ma saison, ce n’est pas un hasard que Jésus passe par cette porte et que je sois là à cette heure même ; ceci est un signe que Dieu veut intervenir dans ma situation. »  Il comprend celà et aussitôt, il pousse des cris: « fils de David, aie pitié de moi !  ».

Bartimée, connait bien l’histoire de son peuple, puisqu’il emploie un titre messianique pour appeler Jésus:  « fils de David ».

Car le fils de David, ce roi dont Dieu a parlé par la bouche du prophète Nathan, (2 Sam.7) est là: c’est Jésus, le Messie.  
Souvenons-nous, qu‘au temps de Jésus, il y a déjà six siècles que la dynastie de David a disparu.  A cette période trouble de l’histoire d’Israël, on attend donc plus que jamais le roi promis qui doit venir sauver Israël. Ici, l’Evangile de Marc, confirme que Dieu tient promesse.


Comme beaucoup de juifs, Bartimée est convaincu, que l’arrivée du Messie doit apporter enfin un grand changement.  Il se rappelle les paroles d’ Esaïe: « Ce jour là s’ouvriront les oreilles des sourds et les yeux des aveugles. Et alors le boiteux bondira comme un cerf et le muet criera de joie, car les eaux jailliront dans le désert et de la steppe des torrents couleront. » (Esaïe 35.5-6)

Pour Bartimée, l’heure de la délivrance (sa saison, son Chairos) est là. Il ne faut surtout pas la laisser passer. Nous aussi, ne laissons pas passer notre rencontre avec Dieu, par des excuses ou des situations extérieurs à vous même. .

Ainsi, lorsque  Jésus demande aux disciples d’appeler Bartimée, ils sont plutôt réticents.   Il faut que le Seigneur insiste . Aussitôt, ils adoptent un autre autre attitude, un autre vocabulaire:  » courage« .  Là ou nous devrions encourager autour de nous, trop souvent,  notre machine a fabriquer du repli, des régles, des peurs,  vient  faire obstacle aux saisons de Dieu.

Entrer dans sa saison 

Puis au V:50, Bartimée jette son manteau et va vers Jésus. Il entre dans sa saison en se débarrassant de son manteau.   Le vêtement est signe d’identité chez  les sémites.  Bartimée se dépouille et se débarrasse de ce qui fait son identité aux yeux de ceux qui le croisent chaque jour sur le bord de la route.  D’une certaine manière, il abandonne ses défenses, ses protections, la carapace derrière laquelle il se protégeait des autres, voir de son statut d’exclu.  Il avance: « dépouillé de lui même »  vers Jésus pour exposer sa faiblesse et ses difficultés. Il nous faut apprendre à venir tel que nous sommes devant le Seigneur .

Puis le Seigneur lui pose cette question invraisemblable , pour l’amener à affirmer sa foi  : « que veux-tu que je fasse pour toi » (v51). La réponse est évidente, mais Jésus suciste en lui, sa volonté et sa foi. Plus tard au V:52 Jésus lui dira :  ta foi t’a guéri plutôt que ma puissance t’a guéri.


Ecoutez et comprendre sa saison

Comme Bartimée, nous sommes tous appelé à entrer dans une saison de Dieu individuellement et collectivement.  Il nous faut apprendre à lire les signes du temps de Dieu (v47).

Pour Bartimée, le passage de Jésus par la porte ouest de la ville, lieu où il était assis n’est pas un hasard. Il y a des choses, évènements qui se passent dans nos vies, qui ne sont pas des hasards. Il nous faut apprendre à écouter, discerner et comprendre tout ce qui nous arrive.

Quelqu’un a dit: « La seule prière à laquelle Dieu ne répond pas, est celle que nous faisons pas ».

Conclusion

Comme pour Bartimée, Jésus est celui qui veut inaugurer des saisons nouvelles dans nos vies, nos familles, l’église et la société. Des saisons pour montrer sa bonté.  Il y avait les saisons d’avant la pandémie et il y aura les saisons d’après ou il nous faudra reconstruire autrement . Mais dès maintenant, il nous faut contruire ensemble l’espérance.

Alors que dans ce basculement de civilisation, nous nous pensions surhumain, nous avons mis à jour notre grande fragilité.

Il nous faut désormais jeter le manteau de nos suffisances humaines et techniques, nos habitudes, traditions et l’esprit de découragement,  pour crier comme Bartimée  » Fils de David, aie pitié de moi, de nous ».

En écho, le Ps 67:2: (Psaume pour la moisson) donne cette bénédiction: “Que Dieu nous fasse grâce, qu’Il nous bénisse et qu’Il nous regarde avec bonté.“

Bon dimanche sous le regard de Dieu. Amen!

Auteur : Pasteur Jean-Luc Leibe


→ Pièce jointe : Le calendrier inter-religieux 2021